Quand le hasard fait mal les choses... [Aléanore + B.]

The glass was pointed to set fair. En d'autres termes, il faisait beau dehors. Pourtant, Serena ne profitait pas du soleil. Ce qui, pour quiconque la connaissant, signifiait que quelque chose n'allait pas.

La jeune S. avait décidé de jouer sur le plan stratégique. Elle ne répondait plus au téléphone, avait passé deux semaines enfermée dans sa chambre et avait finalement attéri ici, dans ce petit café de l'Upper East Side, loin des regards. Pourquoi ? Tout simplement parce que la grande blonde avait compris que rester chez elle n'était plus une bonne solution. Quelqu'un allait bien finir par s'inquiéter de son absence, et frapper à sa porter et là, plus aucun moyen de fuir.

Mais fuir pour quelles raisons S. ? Tout simplement pour LA raison? Parce que CE jour, elle avait transgressé L'interdit, trahissant sa meilleure amie et se trahissant elle-même. Vous l'aurez compris, Serena n'avait pas mis le nez dehors depuis le jour du mariage. Depuis CE jour. Depuis LE jour...

Elle fuyait Nate, mais surtout Blair. Comment pourrait-elle se trouver devant sa meilleure amie, la regarder en face, lui parler en faisant comme si de rien n'était ? Elle avait déjà imaginé cette confrontation. Comment ne pas revoir le regard de Nate, ne pas se rappeler la douceur de ses mains, la précipitation de leurs gestes, la passion du moment alors qu'elle serait en train de parler normalement à B. ? C'était impossible. Elle le savait pertinemment.

Serena ressentait une sorte de mélange de sentiments cohagulés : de la honte, de la haine de soi, du deshonneur, de l'horreur, du dégoût. Elle se méprisait parce qu'elle savait que se cacher derrière l'excuse de l'ivresse était trop facile.

Mais elle ne devait plus y penser. Pas maintenant. En réalité, elle ne fuyait pas seulement Nate et Blair mais c'est ce mariage entier auquel elle espérait échapper, à cet acte qu'elle se reprochait. Elle fuyait ces images qui la hantaient.

Cependant, pour le moment, elle était en sécurité même si ce n'était que pour remettre à plus tard la confrontation. Elle but une deuxième gorgée de thé et croqua du bout des dents dans un petit gateau, distraite. Elle se trouvait à une table, en recul, seule. S. alluma son portable, y jeta un coup d'oeil et appuya sur le bouton "effacer" avec une moue agacée. Elle le rangea dans la poche de son jean et releva la tête vers l'entrée. Son visage se transforma instantanément en voyant la silhouette fine de B. apparaître derrière la porte de verre. Elle céda à la panique et regarda autour d'elle à la recherche d'un échappatoire. Impossible de réfléchir dans un moment pareil. Blair poussa la porte, posa un pas sur le tapis de l'entrée, un grand sourire aux lèvres. Serena n'en vit pas plus. Elle saisit son sac à main, laissant le reste de son thé sur la table et, sans même comprendre ce qu'elle faisait, attérit à la table d'une parfaite inconnue. Elle se laissa tomber sur une chaise, catastrophée, tournant le dos à l'entrée et daigna enfin regarder la personne devant qui elle se trouvait.

"C'est vrai, tu as raison, tu ne devrais pas aller là-bas la semaine prochaine ! C'est totalement incensé avec tout ce qu'il t'es arrivé cet été ! Il va forcément vouloir te revoir, il faut que tu résistes un peu. Je te promets qu'après, tu ne le regrèteras pas, mais si, vraiment !"

Elle jeta un coup d'oeil en arrière, puis reporta son attention sur la jeune fille en face d'elle. Elle devait avoir son âge. Tant mieux. Une femme plus âgée aurait sans doute moins marché dans sa combine.

Elle comprit combien la situation était importante. Tout dépendait de cette fille en face d'elle. Son sort était entre les mains d'une adolescente totalement inconnue. Il y avait une chance sur deux... Une petite chance... Serena priait intérieurement la jeune fille de la suivre dans son plan. Si elle ne le faisait pas, S. devrait parler à B... Et il ne fallait pas, non, surtout pas...

Et alors, avec un peu de chance, Blair ne la verrait pas...

Après quelques heures de shopping, allégée de plusieurs centaines d'euros et désormais propriétaire d'une superbe (et énième) paire d'escarpins Forzieri, A. n'avait pourtant pas ressenti ce petit "truc" qui lui faisait tant de bien après un passage sur la cinquième avenue.

Elle s'était arrêtée dans un café, posée à une table et devant un cappuccino noisette, avait repris la lecture son Dostoïevski du moment. Une sorte de lassitude ne la quittait plus depuis plusieurs semaines, et tout son comportement s'en faisait ressentir.
Et tandis que ses yeux parcouraient les pages d'un roman russe, pourtant très bon, ses pensées suivaient leur cours loin, très loin de l'univers moscovite.

Alors qu'elle se demandait si l'achat d'une jolie petite étole qu'elle avait vu chez Vuitton pourrait la consoler de sa léthargie consternante, une grande blonde s'assit brusquement à sa table, et lui jeta un regard suppliant tout en débitant un jargon incompréhensible comme si elle continuait une conversation qui pourtant n'existait pas.

Certes, on était à New York, mais A. pensait qu'ici, dans ce café où elle ne connaissait personne, elle aurait au moins pu être tranquille. Elle s'apprêtait à user de son ton le plus acerbe, quand son regard suivit celui de l'inconnue et vint se poser sur une fille brune qui venait d‘entrer, dont le visage (et la robe Waldorf) ne lui était pas totalement inconnu.
De nouveau elle scruta les traits de la blonde, puis ceux de la brune et elle comprit enfin que c'était Serena Van Der Woodsen qui se tenait à sa table.
Le soin qu'elle prenait à dissimuler son visage et à se cacher du comptoir, indiqua à A. qu'elle fuyait la brune de l'entrée qui devait être Blair.

Après tout le temps qu'elle avait passé à tenter d'approcher l'élite de Constance, à suivre les faits et gestes d’inconnus par Gossip Girl, cette opportunité se présentait enfin à elle. L'occasion était trop belle...

Substituant à son regard sévère, un grand sourire de sa spécialité, elle prit l'air le plus naturel du monde et savourant secrètement son succès, entama la conversation:

- Je suppose que c'est la nouvelle mode new-yorkaise pour faire connaissance?

Et, comme S. paraissait troublée:

- Je m'appelle Aléanore, ou Al si tu préfères. A qui ai-je affaire

- Je suppose que c'est la nouvelle mode new-yorkaise pour faire connaissance?

Serena poussa un soupir se soulagement. La jeune fille en face d'elle avait pris le parti de l'aider. Elle lui adressa un sourire de remerciement, essayant de lui faire comprendre sa reconnaissance.

"C'est un peu ça oui..." dit-elle d'un air désolé mais amusée qu'elle le prenne ainsi.

"J'ai besoin de ta coopération, c'est crucial : si la jolie brune qui vient d'arriver s'approche d'un peu trop prêt, tu prends un air des plus naturels du monde, tu enchaines la discussion sur n'importe quel sujet et tu me laisses me charger des présentations. Ca marche ?"

Elle se sentait vraiment mal d'imposer ça à la jeune inconnue. Lui donner des ordres était un peu malvenu surtout que S. n'était pas du genre à commander ainsi. Elle paraissait toujours très sympathique au premier abord, légèrement timide mais jamais aussi brusque. Mais là, elle n'avait vraiment plus le choix.

- Je m'appelle Aléanore, ou Al si tu préfères. A qui ai-je affaire ?

Serena sauta sur l'occasion de racheter son image auprès d'Aléanore.

"Aléanore... Eh bien Aléanore, tu me sauves la vie ! Je suis echantée de faire ta connaissance ! Moi c'est Serena. Tu habites dans le coin ou... ?" demanda-t-elle en penchant la tête, les sourcils froncés dans une moue interrogative et le sourire toujours présent.

Les choses tournaient vraiment à son avantage, et avec de la chance, Serena s'avèrerait sympathique. D'ailleurs elles entamèrent rapidement la conversation, S. lui demanda où elle habitait ce à quoi elle répondit vaguement par un "oh.. Dans le coin" question piège pour commencer! Ca promettait!

Mais tandis que les sujets s'enchaînaient, origines, lycée, les supers escarpins Forzieri, il était évident que les yeux de S. tentaient de savoir ce qui se passait derrière elle et surtout de savoir où était B.
A. se sentait un peu agacée, mais au moins la distraction de Serena lui permettait d'éviter les questions gênantes qui auraient pu la trahir "Oh, ta mère et française, et ton père?", elle slalomait entre les réponses compromettantes comme entre les passants de la 5e avenue un jour de soldes (et oui, elle aimait BEAUCOUP le shopping).

Cependant, s'apercevant que B. ne pouvait pas les voir de là où elle s'était assise, Serena reporta son attention sur A. , qui se sentit brusquement coincée par un "tu as des frères et sœurs?". C'est alors avec la même dextérité qu'il aurait fallu pour arracher le seul modèle de 36 d'une robe édition limitée de chez Oscar de la Renta, que A. la coupa dans sa question:

- Mais en parlant de frères et sœurs, est ce que la fille que tu essayes d'éviter sans en avoir l'air est de ta famille? Et vu la rougeur qui te monte aux joues, il semble que tu sois fautive dans l'histoire, voir même que tu l'évites sans qu'elle cherche à faire de même

Elle sourit avec complicité et adressa un clin d'œil à Serena:

- Ton alibi (c'est à dire moi) peut il savoir ce que tu tentes de dissimuler?

En matière de secrets, A. savait une chose: ils créent des liens puissants que seule Gossip Girl serait en mesure de rompre.

Serena était distraite, elle en avait conscience. Elle n'écoutait que d'une oreille ce que racontait Aléanore et y répondait un peu rapidement, préférant guetter ce qu'il se passait derrière elle, à l'affût d'un bruit, ou d'une odeur qui lui permettrait de savoir où était Blair et si elle était partie. Et tout cela, sans pouvoir se retourner. Il est évident qu'elle perdait son temps. D'ailleurs, quelque chose dans la conversation venait de la ramener brusquement à Al. Une question qui jurait totalement avec les propos qu'elles échangeaient depuis un certain moment maintenant, à savoir, shopping, généralités, shopping, généralités, shopping, re shopping (décidément, cette fille avait une culture shoppiniale impressionnante ! Cela faisait bien longtemps que S. n'avait pas eu affaire à quelqu'un d'aussi connaisseur en la matière ! C'était un vrai plaisir !) pour enfin revenir aux généralités. Seulement Aléanore ne l'avait pas laissée finir. Son empressement à esquiver la question destabilisa Serena. Mais elle était loin de se douter que la jeune fille changeait de sujet précisément parce qu'elle ne voulait surtout pas répondre à cette question...

Cependant, c'est surtout le fond de la question qui ébranla la jeune blonde... Ses joues rosirent (ce que ne manqua pas de faire remarquer Aléanore) et elle ouvrit la bouche pour répondre mais se retrouva coincée, incapable de parler.

Tout ceci lui permit de réfléchir un instant. S. ne pouvait rien dire, c'était une certitude. Elle n'avait rien contre Al, qui lui paraissait même sympathique mais de là à se confier, ainsi, à une inconnue quand elle n'en avait même pas parlé à... A qui ? A qui aurait-elle pu en parler ? Sa meilleure amie ne devait surtout pas être mise au courant ; elle fuyait son meilleur ami parce que lui aussi était dans le coup ; elle n'était pas assez proche de Chuck pour pouvoir lui dire quoi que ce soit (celui-ci aurait trouvé le moyen de tout raconter ou de faire naître un nouveau scandale) ; et son frère ? Elle aurait pu en parler à son frère mais aurait-il compris ? Il était le seul à la regarder sans la juger, elle était un modèle pour lui, qu'en serait-il s'il apprenait toutes ces choses sur elle ? Qu'en serait-il s'il comprenait que sa soeur était loin d'être un ange... Elle ne voulait pas surtout pas. Et se confier à une parfaite inconnue n'était vraiment pas une bonne idée même si elle avait envie de parler, de se défaire de ce poids qui pesait sur elle et qu'Aléanore, avec sa gentillesse aurait sans doute été d'un grand réconfort pour elle.

Elle referma la bouche et remplaça sa mine perdue par un sourire.

"Ce n'est pas contre toi Al, mais je ne peux pas t'expliquer... Je suis vraiment désolée..."

Elle avait adopté une voix douce, un ton d'autant plus désolé qu'elle aurait réellement aimé se confier à la jeune fille.

"Je peux juste te dire que non, Blair n'est pas de ma famille... Mais c'est tout comme, c'est ma meilleure amie..."

Puis, comprenant qu'elle devait quelques explications tout de même, que c'était la moindre des choses pour un "alibi" comme elle se nommait elle-même, elle ajouta :

"Oui, je suis fautive mais c'est compliqué. Je te demande juste de m'aider, sans poser de questions, parce que je ne peux rien dire..."

Elle lui offrit un dernier sourire avant de reprendre, changeant brutalement de sujet et prenant un air enthousiaste :

"Comment ça se fait que je ne t'aie jamais vue à Constance ?"

Changement brutal de conversation, non, Serena ne lui dirait rien. A. se sentait un peu dépitée. D'ailleurs cela devait se voir sur son visage, car S. lui posa une nouvelle question sur un ton encourageant:

"Comment ça se fait que je ne t'aie jamais vue à Constance ?"

Oui, c'était une question encourageante, et même plus qu'encourageante, essentielle... Une des questions, voir LA question qu'elle attendait depuis le début de cette conversation, et peut être sa chance:

"Je suis à Chapin, à côté du parc Carl Schurz. Mon père a hésité à m'envoyer à Constance, mais je n'y connaissais personne.. Enfin, pas plus que je ne connais de filles à Chapin, mais ils ont un très bon professeur de français, il y a au moins les études, c'est déjà ça... Si je t'avais connu plus tôt, qui sait?"

Elle avait agrémenté cette dernière phrase d'un sourire mais le coeur n'y était pas vraiment, elle jouait une de ses dernières cartes et même si elle n'apparaissait pas peinée à Serena pour les mêmes raisons que celles qui la faisaient réellement souffrir, elle attendait gros de cette réponse. Il était peu probable que S. dise les mots magiques, mais...

En vérité, elle n'avait jamais été aussi proche du but qu'elle s'était fixé l'année dernière, et maintenant elle y croyait fermement...

Serena ne portait plus du tout attention à Blair. En réalité, la discussion commençait à vraiment l'intéresser non que ce ne soit pas le cas jusque là. Aléanore s'était révélée de très bon goût et S. voyait déjà en elle une potentielle future amie. De toute évidence, il lui faudrait mettre à jour son carnet d'adresse lorsque Blair serait mise au courant de ce qu'elle avait fait. Cependant, Serena était le genre de filles qui croyaient aux contes de faits, s'imaginant que le monde était beau, gentil, parfait et que rien de mauvais n'arrivait jamais. En fait, la jeune blonde n'était pas au bout de ses surprises car il est évident qu'avec Gossip Girl trainant dans les parages, aucun secret ne le restait bien longtemps...

Cependant, Serena n'était pas stupide. Naïve, accordons-le, mais pas stupide et elle prévoyait déjà les conséquences... C'est pour cette raison que l'idée lui frappa l'esprit qu'elle pourrait changer de lycée une fois l'histoire connue. Et pourquoi pas profiter de l'occasion pour venir investir Chapin ? Au moins elle y connaîtrait Aléanore ! Cela dit, elle pensa à sa mère... Il serait très difficile de la convaincre... Elle préféra donc abandonner l'idée, espérant que toute cette histoire resterait enfouie pendant l'éternité.

Toujours cette naïveté...

Aussi pensa-t-elle renverser le problème à l'envers. Aléanore n'avait pas de connaissance ? Parfait ! Elle n'aurait aucun mal à quitter Chapin pour rejoindre S. à Constance ! Cependant, après réflexion, elle se dit qu'elle ne connaissait pas du tout le père de la jeune fille et qu'il serait peut-être dur pour elle de le convaincre... Malgré tout, elle préféra tenter le coup.

"Plus tôt ? Mais il n'est jamais trop tard pour changer ! Pourquoi tu ne viendrais pas à Constance avec moi ? Ce serait vraiment sympas ! J'essaierai de te présenter des amies, tu pourras t'y faire ta place, te donner la chance de te créer une vie dynamique ! Je pourrais même t'aider à choisir L'homme parfait ! Enfin, je ne sais pas si tu as déjà quelqu'un..."

Evidemment, cette dernière phrase inachevée laissait sous-entendre une question. Pour le coup, S. était tellement emballée qu'elle avait totalement oublié la présence de Blair dans la café. Et c'était bien la première fois depuis LE jour qu'elle pensait à autre chose qu'à toute cette histoire !

Blair plongea sa cuillère dans la glace vanille napée de chocolat fondu. La cuillère en ressortit, dégoulinante. Blair la regarda d'un air méfiant, la replanta dans la coupe de glace qu'elle repoussa de l'autre côté de la table, écoeurée.

Elle n'avait pas faim. Elle n'avait plus faim. Cela faisait 15 jours que cela avait recommencé. D'abord un noeud dans l'estomac. Impossible d'avaler une miette. Et puis d'un seul coup, l'envie de dévorer tout un fastfood entier. Puis un autre. Puis un autre. Et puis se sentir grosse et sale. Tout vouloir perdre. Encore un noeud dans l'estomac. Et ça recommençait. Elle croyait en être sortie pourtant, de ce cauchemar de la boulimie.

Mais qu'est-ce qui lui arrivait ?
Plus rien ne tournait rond. Entre Serena qui avait tout simplement disparu, Nate qui était encore plus ailleurs que d'habitude, et Chuck qui était Chuck, ce qui était tout sauf un signe de normalité... Elle se demandait à quel moment le jet privé qu'était sa vie avait dévié de sa belle trajectoire si parfaite, si bien réglée, pour aterrir dans ce drôle de triangle des Bermudes.

Elle reposa son regard sur la glace. Ce coulis de chocolat... Dégouttant. Elle sentit la maudite nausée recommencer. Jetant un regard furtif autour d'elle pour vérifier que personne ne l'observait, elle saisit son sac et courut aux toilettes.

En ressortant, elle traversa la salle moins rapidement, se forçant à affecter un air détaché. Et ça là qu'elle l'aperçut.

Comment avait elle fait pour ne pas voir cette crinière blonde plus tôt ?

Elle eut d'abord l'envie immédiate, enfantine, de courir prendre S. dans ses bras, de lui dire en riant et en pleurant de joie :
- Mais où tu étais cachée ? Mais ça va pas de m'abandonner comme ça ? Affreuse, méchante, vilaine... Qu'est-ce que tu m'as manquéééééé !!!!!!!!!

Mais aussitôt, elle se ressaisit. Oui justement, S. l'avait effectivement abandonnée. Sans raison, sans excuse. Elle lui avait fait mal. Elle sentit son estomac se serrer encore un peu plus. Pinçant les lèvres pour les empécher de trembler d'émotion, elle s'avança vers la table d'Aléonore et de Serena :
- Thank God you're alive, S. ! J'allais finir par demander à CHUCK de contacter son détective. Tu comptais m'avertir AVANT la rentrée que tu étais en ville, n'est-ce pas ? C'est ce qui se fait entre best friends, à ce qu'on m'a dit.

Blair jeta un regard meurtrier à Aléonore. Enfin, elle ne regardait pas vraiment la jeune fille, mais plutôt à travers elle, utilisant son oeillade "je ne vous vois même pas" qui était la marque de sa royauté.
- Enfin, à moins que tu ne m'aies remplacée, bien sûr...

Les mots magiques avaient été prononcés, A. se sentait plus légère, elle allait enfin pouvoir entrer à Constance, mais surtout avec une alliée de poids: Queen S. en personne...

Son coeur s'emballait tellement qu'elle avait du mal à ne pas le montrer, et ses pensées vaquaient déjà à son nouvel uniforme et les retouches à venir, mais surtout, A. pensait à Chuck et son visage se fit plus sévère...
Mais la question fatidique du petit ami arriva sur le tapis, et mit fin à son agitation.
Après tout, elle devait s'y attendre bien que le ton était plus celui de la suggestion que de la question.
Et tandis qu'elle répondait par la négative, un peu gênée, son portable sonna et le prénom de Dan s'afficha sur l'écran.
Mais combien de fois devrait elle lui répéter de la laisser tranquille, qu'est ce que les américains pouvaient être collants!

Elle mit son portable sur silencieux, et se tourna à nouveau vers Serena qu'elle avait mise un peu de côté "Excuse moi, encore un numéro inconnu ça n'arrête pas en ce moment"

Et tandis qu'elle tentait de dissimuler sa gêne (et son mensonge) mécaniquement son regard se tourna vers l'endroit où Blair devait être assise, il se posa sur Blair, certes, mais beaucoup, beaucoup plus proche qu'elle ne devait l'être.

A. ne savait pas vraiment ce qui l'agaçait le plus chez B. , si c'était le regard méprisant qu'elle lui lançait, ou bien le dédain par lequel elle tentait de le dissimuler.
Elle ne s'adressait pas à A. de toute manière, mais à S., ce qui ne l'empêcha pas de pincer machinalement les lèvres en signe d'énervement, d'autant plus quand le prénom de Chuck apparut dans la conversation, ce qui l'agita d'un léger frisson et lui rappela que B. faisait partie intégrante du plan.
Une soudaine envie de se ronger les ongles la traversa, mais la vue de sa manucure de la veille l'en dissuada. Il fallait qu'elle garde son calme, la meilleure réponse au mépris: l'ignorance... Enfin... Plus facile à dire qu'à faire.

S. était partie. Ca y était, on l'avait perdue ! La jeune fille était à des milliers de kilomètres de ce petit café, elle était déjà à Constance avec Aléanore, lui faisant visiter chaque recoin du lycée, lui racontant des détails sur les profs, des anecdotes, calculant quel garçon était célibataire, lequel plairait à A., faire des listes, les boutiques, déjeuner ensemble ! Serena rêvait...

Le fait que la jeune fille nie avoir un copain ne manqua pas d'exciter encore plus la grande blonde qui s'empressa de dire que c'était réellement parfait, qu'elle non plus n'en avait pas, qu'elles allaient beaucoup s'amuser à partir à la chasse au prince charmant ! Tout prenait les allures d'un rêve au beau milieu du cauchemar qui s'éternisait autour de Serena depuis quelques semaines. Des couleurs venaient égayer le tableau sinistre de ces derniers jours et la jeune fille retrouvait le goût des choses simples, des pensées légères et pensait de moins en moins à ce qu'elle avait fait. Par conséquent, elle était beaucoup plus détendue et ne se souvenait même plus de la présence de Blair non loin.

Elle fronça les sourcils en voyant Aléanore sortir son portable et soucieuse, raccrocher. Elle attendit que la jeune fille reporte son attention sur elle pour lui demander la raison de son geste mais A. fut plus rapide. Serena pencha la tête de côté, fronça les sourcils en souriant et répondit :

"Et tu ne trouves pas ça un peu inquiétant qu'un numéro inconnu te harcèle comme ça ? C'est pourtant pas courant, quelqu'un doit chercher à te joindre. Tu n'as jamais décroché ?"

Mais le visage de A. se métamorphosa et Serena leva la tête dans la direction où portait le regard de sa nouvelle amie. Elle put contempler le visage parfait de Blair. Elle retint la panique qui montait en elle. Le moment était venu. Elle avait totalement oublié, totalement ! Comment était-ce possible ? Blair avait fini par la voir, après tout ce temps ! L'heure de la confrontation était finalement arrivé...

Elle laissa le flot de reproches s'écouler avant de fermer les yeux pour se concentrer et de tenter de s'expliquer.

"Blair, je suis désolée. Je sais que j'aurais dû t'appeler mais... j'étais pas très bien ces derniers jours. J'ai fait un intoxication alimentaire. Enfin, j'ai mal digéré un truc et je suis restée clouée au lit quelques jours. Je suis sortie seulement aujourd'hui, parce que... parce que j'en pouvais plus d'être enfermée. Je comptais t'appeler mais je ne voulais pas t'embêter, si je te l'avais dit, tu te serais sentie obligée de t'occuper de moi et je ne voulais vraiment pas te gacher les derniers jours de soleil avant la rentrée."

Serena s'en voulut terriblement de ce mensonge aussi gros qu'une montagne. Comment pouvait-elle inventer de telles choses sans rougir de honte ? Mentir à sa meilleure amie ! Si elle l'apprenait... Si elle l'apprenait, ce serait toujours moins grave que si elle apprenait la vérité. Le mensonge s'imposait de lui-même, S. n'y pouvait rien.

La jeune fille s'inventait à elle-même des excuses pour se rassurer, comme si un seul mensonge dans la journée ne suffisait pas. Mais les pensées se bousculaient dans sa tête et les images affluaient au point que S. était à la limite de crier un STOP tonitruant dans tout le café. Bien sûr, elle ne le ferait pas, pour éviter un scandale, pour éviter d'attirer tous les regards sur elle et surtout pour que B. ne lui pose pas de questions.

Comment allait-elle réagir maintenant ? S. n'en savait rien mais, en se rappelant les derniers mots sanglants de Blair, elle pensa bon de se justifier.

"Et d'ailleurs Aléanore et moi ne nous connaissons que depuis quelques minutes. En entrant, je l'ai confondue avec une amie d'enfance que je n'ai pas vue depuis longtemps et nous avons fini par faire connaissance. Elle va peut-être venir à Constance l'année prochaine donc j'ai jugé bon de lui donner quelques précisions."

Se tournant vers A., elle lui offrit un regard d'excuse, comme si elle s'excusait à la fois de l'histoire dans laquelle elle l'embarquait mais surtout, comme si elle s'excusait auprès de Blair pour tout ce qu'elle lui avait fait et continuait de lui faire subir.

"Aléanore, je suppose que tu as compris, Blair est ma meilleure amie, on se connait depuis très longtemps."

Elle se tourna de nouveau vers B. et lui présenta une chaise vide.

"Tu t'asseois avec nous B. ?"

Elle était partagée, espérant à la fois qu'elle accepterait car ce serait comme si elle la pardonnait et qu'elle refuserait et partirait car S. pourrait enfin souffler et ne plus sentir cette gêne terrible qui l'animait.

Blair adressa un sourire sans chaleur aux deux filles tout en s'installant dans le siège que lui proposait Serena. S. pensait sans doute que faire assoir B. serait un premier pas vers la discussion et la paix. Mais la brune ne l'entendait pas vraiment ainsi. C'était juste plus confortable d'être assise pour tenir un siège.

- Oh S. , j'espère que tu vas mieux. Cela m'étonne. Jusqu'à présent, c'était plutôt moi qui avait des problèmes alimentaires.

Elle se tourna vers Aléonore, prenant un air de confidente :
- Serena a toujours eu une constitution très solide. Elle assimile l'alcool remarquablement bien et je n'ai jamais vu quelqu'un enchaîner autant de drogues différentes tout en conservant des neurones à peu près intacts !

Laissant à ses paroles le temps d'agir, comme un venin, B. marqua une pause puis reprit :
- Mais ne t'inquiètes pas S. , tu ne m'as pas manqué tellement que ça.
En fait il se trouve que j'ai moi aussi eu des difficultés alimentaires ces 15 derniers jours,
quelle coïncidence, donc je n'ai même pas eu le temps de te regretter. Mais je suis ravie de constater que tu es en pleine forme, maintenant.

Est-ce que tu as des nouvelles de Nate, malgé ton isolement de ces dernères semaines ?
Parce qu'étrangement lui aussi a disparu.

Est-ce que Chuck vous a donné de la mauvaise marchandise à tous les deux ? ça serait une explication plausible...

[Enorme ta photo !!! Je signe mon retour moi aussi sur GG (après une courte absence^^)]

Serena fut rassurée de voir Blair s'asseoir avec elles. Ce serait déjà plus simple de parler et d'essayer de se justifier. Elle préféra cependant ne pas répondre à la remarque ironique de sa meilleure amie. Elle savait pertinemment que le mensonge qu'elle avait inventé pour justifier son absence ne convenait pas à B.

Mais celle-ci ne s'arrêta pas là. Elle enchaîna avec des mots que S. n'attendait pas. Elle parut médusée, complètement désarçonnée. Blair était en train de sacager cette amitié naissante avec Aléanore ! Comment osait-elle faire un truc pareil ? La bouche ouverte en une moue surprise de Serena ne tarda pas à se transformer en sourire. Un sourire qui montrait son étonnement et qui faisait passer les paroles de Blair pour de gentilles petite blagues.

"Blair ! Je ne comprends pas... A quoi tu joues ?"

Elle s'empressa de se tourner vers Aléanore pour se justifier, avec un sourire rassurant :

"Ne t'inquiète pas Al ! Blair plaisante, pas vrai B. ? Elle a toujours eu beaucoup d'humour."

La nouvelle remarque de Blair sonnait faux. Serena lui en voulut aussitôt de se comporter de la sorte. Elle allait faire fuir Aléanore. Celle-ci restait muette, ne sachant que dire et c'était compréhensible vu que sa Majesté B, monopolisait la parole, faisant comme si elle n'était pas là ou du moins, s'en servant uniquement lorsque cela pouvait servir pour ses plans royaux.

"Je suis désolée que tu aies été malade toi aussi... Et je dois dire que toi aussi tu t'es merveilleusement remise. C'est incroyable ! Tu n'as pas changé !"

Lorsqu'elle parla de Nate, S. blêmit mais elle se força à se reprendre très vite. Elle jeta un regard de biais à Aléanore, se demandant si elle comprendrait après ça... Un secret à cacher, B. qui disait que Nate ne lui répondait plus, S. s'était cachée elle aussi. Elle devait parano mais il lui semblait que tout devenait évident aux yeux d'Aléanore.

"Nate ? Non, comme je t'ai dit, je n'ai parlé à personne ces derniers jours. Donc je ne vois pas pourquoi j'aurais de ses nouvelles. Tu n'as pas essayé de l'appeler ? Il doit être très occupé avec ses parents ? C'est l'été, les Archibald organisent toujours un tas de trucs. Il est peut-être chez son grand-père ?"

Elle essayait de s'en sortir mais elle avait peur de s'enliser chaque fois plus.

"Blair !" dit-elle en levant les yeux au ciel. "Je n'ai pas vu Chuck depuis des semaines !"

Elle commençait à la mettrer vraiment mal à l'aise avec ses histoire de drogue et d'alcool. Si elle continuait Aléanore allait s'enfuir en courant. Et S. n'y tenait vraiment pas. Elle préféra changer de sujet.

"B., tu veux quelque chose ? Je commande pour toi ! Et toi Al' ? Tu veux autre chose ?"

Puis, essayant d'amener très vite le sujet loin de Nate et de Chuck, elle annonça à Blair :

"Comme je te disais, Aléanore viendra peut-être à Constance. Tu crois que tes parents ne seront pas trop contre Al ? Et toi, ça ne va pas trop te dépayser ?"

Avalanche!
C'était cela, une avalanche s'abattait sur A. de telle sorte qu'elle se sentait en danger de mort de tous côtés, droit devant Queen B. reine des neiges qui semblait la détester au plus haut point, et de l'autre Serena, qu'elle voyait tout de suite.... Différemment, oui très différemment, l'alcool la drogue et la nuit n'étaient pas vraiment le "truc" de A. elle détestait tout bonnement ce monde qui lui rappelait sa mère, son estomac se serra tout d'un coup.... La nuit... Une voiture noire... une voiture bleue... Le téléphone... Les sirènes... L'homme...

C'était une chose, en effet, de lire des articles et d'entrevoir des photos floues sur gossip girl, et c'en était une autre d'affronter tout un flot d'informations de la bouche de la meilleure amie de S., tout devenait... réel.
A. se sentait tout d'un coup très mal à l'aise, elle ne contrôlait plus la situation depuis que B. avait fait son apparition. Elle n'avait qu'une envie, s'enfuir en courant, en laissant là ses nouvelles chaussures s'il le fallait... Bon, en même temps ce n'était qu'une suggestion.

Elle sentait bien par le sourire carnassier de B. et à la forte gêne de S., que partir n'était pas une solution convenable, de plus elle aimait vraiment ses nouvelles chaussures.

Et de nouveau l'avalanche, 2 noms.
Nate... Le petit-ami de B d'après GG... Serena fuyant B., Nate la fuyant aussi... Et tandis qu'un schéma se dessinait avec complexité dans son esprit, un 2e nom, THE deuxième nom.
Chuck, deuxième douleur à l'estomac, A. avait vraiment besoin de prendre l'air, plus que jamais mais ce nom, là! Ce nom qui la poursuivait et lui rappelait qu'elle n'avait jamais été aussi proche... RrrrrRrrRrRRr SALETE D'ESTOMAC, il allait se taire à la fin!

Les paroles de B et de S se mélangeaient quelque peu, elle n'entendit qu'une question vague:

"Comme je te disais, Aléanore viendra peut-être à Constance. Tu crois que tes parents ne seront pas trop contre Al ? Et toi, ça ne va pas trop te dépayser ?"

C'était sa chance après tout, faillir n'était pas, n'avait jamais été une option, elle s'aperçut qu'elle n'avait pas dit un mot depuis plusieurs minutes et que Serena la fixait avec insistance, voir avec supplication une sorte d'anxiété dans le regard...

"Euh... Non je... je pense que ça ira"

Accompagnant sa réponse d'un petit sourire forcé, A. souffla un bon coup histoire de se déstresser...
Mais une idée saugrenue lui vint à l'esprit... Nate... Serena? Non ce n'était pas...
SOn regard se posa sur S, puis sur B, S, B alors c'était ça... Qu'avait il dû se passer entre Nate et Serena pour que tous deux s'évitent et évitent Blair... Tout devenait clair, ou... Encore plus sombre...

[ oooo les filles ce sujet commence à BEAUCOUP me plaire ]

Blair se mordit les lèvres en entendant Serena essayer de la ramener à la raison. Ok, elle y était allée VRAIMENT fort... Mais on n'abandonnait pas Queen B. pendant 2 semaines sans subir un léger châtiment au retour.

Elle leva les yeux au ciel lorsque Miss Van der Woodsen se mit à jouer au détective. Elle avait envie de lui répondre une de ces répliques cinglantes dont elle avait le secret ("Merci pour tes suppositions S. mais je sors avec Nate depuis la maternelle, alors je peux assez bien imaginer toute seule comment il occupe ses étés."). Mais elle s'en empêcha, être odieuse d'accord, mais il y avait des limites.

Après tout, peut-être que Serena avait simplement eu une mauvaise gueule de bois et qu'elle avait bel et bien disparu pour des raisons de santé ? Blair se radoucit un peu. Mais elle fut surprise de la rapidité avec laquelle Serena s'empressa de détourner la conversation. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Quelque chose clochait, décidément.

- Non merci S. , mon estomac est encore capricieux.

Et puis Serena relança la conversation au sujet d'Aléonore. Blair haussa les sourcils, surprise. Une nouvelle recrue à Constance ? Un nouveau sujet ? En temps normal elle aurait été enchantée. Mais la demoiselle de compagnie choisissait un bien mauvais moment pour faire son entrée à la cour... D'autant que B. avait observé ses réactions depuis le début, et la trouvait étrange. Elle semblait depuis quelques instants agitée et perplexe, comme si elle hésitait sur la conduite à tenir. Pourtant S. ne lui avait pas posé des questions nécessitant une grande réflexion ?

Si Blair avait pris la peine de creuser cette piste, elle aurait sans doute jugé plus prudent d'attendre d'éloigner les étrangers pour "laver le linge sale en famille". Mais son agacement obscurcissait son jugement, aussi elle fit taire son appréhension et pressée de reprendre le sujet qui l'intéressait, elle ne fit que des remarques superficielles visant à éluder rapidement la tentative de diversion de Serena :

- Tu as déjà les chaussures parfaites pour rentrer à Constance, Aléonore, et je ne vois pas comment des parents pourraient s'opposer à ce que leur fille reçoive la meilleure éducation qui soit aux Etats-Unis. Il ne te manque qu'un serre tête dans les cheveux !

Après un sourire sans aucune chaleur, elle reprit sur l'affaire qui monopolisait son attention :
- Pour revenir à l'étrange disparition de Nate... Je pense qu'une petite visite à Chuck devient indispensable. Le plus tôt sera le mieux. Voudrais-tu m'accompagner, S. ?

Elle avait insisté sur le "S".
On n'approche pas la meilleure amie de la reine sans son autorisation, règle numéro 1.

Serena fronça les sourcils en entendant Blair faire un rapport détaillé d'Aléanore. Pour la connaître parfaitement, elle savait que cela ne présageait rien de bon. B. l'avait en travers, elle ne pourrait rien faire contre ça... Il fallait dire aussi que les présentations ne se faisaient pas dans de parfaites conditions... Ca tombait si mal ! Il aurait mieux vallut qu'elle ne les voie pas, qu'elle s'en aille, qu'elle n'aie jamais mis les pieds dans ce café. Mais non, tout allait de travers, comme d'habitude. Et Serena n'était pas dupe. Blair essayait de la faire parler. Elle savait quelque chose, du moins, elle se doutait de quelque chose et quand Queen B. avait quelque chose en tête, elle ne le lâchait pas jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à ses fins. Evidemment, Serena espérait de tout coeur qu'elle n'y parviendrait jamais mais c'était bien impossible... Blair avait été une enfant gâtée. Elle n'était pas habituée à l'échec. Elle ne le connaitrait jamais...

Cependant, Serena avait confiance en Aléanore et elle était presque certaine que celle-ci saurait répondre à Blair. Aussi, elle préféra ne pas intervenir. Et puis, il fallait voir de quoi sa nouvelle amie était capable. Une sorte de test d'entrée à Constance ! Parce que si elle n'était pas capable de défier, elle s'écroulerait, elle serait écrasée au lycée et c'est de là que tout partirait... Sa vie deviendrait un enfer. C'était la dure loi de Constance. Venir d'une bonne famille ne suffisait pas, il fallait se battre pour avoir sa place et c'était parfois très difficile. Surtout quand la reine n'était autre que Blair Waldorf, connue de tous pour sa conviction légendaire. Rien n'arrêtait B.

Elle pensa aussitôt pour elle-même :

* Bienvenue dans le monde huppé de Constance A... Aujourd'hui commence ton intégration... *

Puis elle resta attentive, attendant une réaction aux paroles de Blair de la part de la jeune fille.

Malheureusement pour notre jeune blonde, sa diversion, qu'elle croyait réussie, tombait à l'eau... Comme toujours avec Blair. Celle-ci voulait résoudre l'énigme de la disparition de Nate et de sa meilleure amie, rien ne l'en empêcherait. Impossible de faire machine arrière, impossible de tenter de nouveau de changer de sujet, S. n'y échapperait pas. Aucune chance...

Elle sentit son coeur s'affoler. Voir Chuck ? Elle plaisantait là ? Comment faire, comment réagir ? Elle ouvrit la bouche pour parler mais il n'en sortit qu'un long "Heu..." avant qu'elle ne constate que Blair lui avait tendu un piège. Elle ne pouvait pas dire non... Sinon elle apporterait les soupçons de sa meilleure amie sur elle... Et il ne le fallait pas. Elle n'avait plus qu'à accepter cette invitation empoisonnée et croiser les doigts pour que Nate n'aie rien dit à Chuck et qu'il ne soit surtout pas avec lui...

Chuck... Serena n'avait pas envie de le voir dans un moment pareil. Il avait toujours cet air supérieur qui semblait tout savoir. S. savait qu'elle finirait par devenir parano. Chacun de ses regards appuyés lui feraient croire qu'il savait. Mais savait-il ? Non, c'était impossible. Serena sortit cette idée de sa tête. Il ne pouvait rien savoir. Nate ne se serait jamais rabaissé à tout lui raconter. Il devait avoir bien trop honte. Tout comme Serena... Ca paraissait impossible à confier, à n'importe qui, même à son meilleur ami.

Le "heu" de Serena s'arrêta pour se changer en un ton décidé.

"D'accord. Allons voir Chuck. Voyons ce qu'il a à nous dire. Avec un peu de chance on trouvera Nate avec lui !"

Elle se força à sourire tout en pensant * avec beaucoup de malchance... *

Puis, se levant un peu brusquement, elle se tourna vers Aléanore et lui sourit sincèrement.

"Merci infiniment pour tout Aléanore, ça m'a fait très plaisir de te rencontrer ! J'espère te voir à Constance à la rentrée alors !"
Elle lui tendit une carte où son numéro avait été imprimé et plongea son regard quelques secondes dans celui de la jeune fille pour essayer de lui faire comprendre sa reconnaissance.

Puis elle prit en main son destin, se tenant droite, faisant mine d'être fière et de n'avoir rien à cacher. Chuck. Nate. Direction Chuck. En espérant que ce ne soit pas celle de Nate...

A. était un peu perdue au milieu de ce jeu de chassé-croisé entre B et S, et pour tout dire elle commençait à s'ennuyer et Blair l'agaçait beaucoup, ce regard méprisant aux sourcils parfaitement épilés... A. le savait, ne jamais se fier à une fille qui fréquentait le salon Comtesse sur la 5th avenue.... L'esthéticienne avait des ongles tellement long... Quelle horreur, et si elle éborgnait quelqu'un, y avait il une assurance spécifique à ce genre d'accident?
Mais de quoi elle parlait là? Elle n'écoutait que d'une oreille les paroles de S tandis qu'elle se renfrognait pour ne pas répondre d'une manière cassante à B. pourquoi fallait il que les brunes se croient plus intelligentes que les autres...
Appartenant au cercle réduit des rousses naturelles, A. avait bien compris que tout se résumait souvent à une couleur de cheveux, la blonde sympa et cool, la brune méprisante et coincée (style "classique") et la rousse élitiste, gentille et secrète MOUHAHAHAH c'était reparti... De quoi parlait elle déjà... Qu'est ce qu'il pouvait faire chaud dans ce café, et ce regard de mépris, que n'aurait pas donné A pour se lever et lui en coller une (flash back en primaire) non, il fallait qu'elle se calme...

RRRRrr!!!!! Et ce nom de Chuck qui n'arrêtait pas de revenir dans la conversation, peut être B. était elle au courant? Non impossible... Et après tout, qui? Quoi? Quand?
Qu'est ce qu'on pouvait étouffer ici, et le regard amical de S et cette saleté de B. et son satané sourcil qui n'arrêtait pas en haut, en bas, en haut, en bas.... Rrr... O jolies chaussures la serveuse... Bref, il fallait qu'elle se reprenne, ses ongles s'enfonçaient dans la peau de son bras droit avec chaque seconde plus d'intensité... Nonnnnnn....

Et là, libération, S se leva et la sauva en quelque sorte d'une crise de panique et d'énervement profonds:

"D'accord. Allons voir Chuck. Voyons ce qu'il a à nous dire. Avec un peu de chance on trouvera Nate avec lui !"


Puis S se tourna vers A:
"Merci infiniment pour tout Aléanore, ça m'a fait très plaisir de te rencontrer ! J'espère te voir à Constance à la rentrée alors !"


C'était un soulagement certain mais elle ne pouvait partir sur un échec tandis que de nombreuses remarques acerbes à l'intention de B. lui titillaient la langue, sans réel contrôle de soi, A se leva, serra la main de S avec un sourire complice et se tourna vers B un grand sourire (pas le même sourire complice que l'autre) illuminant son visage:

"Vraiment ENCHANTEE de t'avoir rencontrée. Mais au sujet du serre-tête je ne suis pas vraiment convaincue... Au pire je pourrais toujours en emprunter un à ma nièce, il parait qu'en maternelle ça fait un tabac."

Renouvelant son sourire le plus hypocrite en direction de B elle fit un petit signe de la main aux deux filles, attrapa son sac, sortit deux billets de son porte monnaie Gucci et les laissa sur la table. Sur ce elle agita ses cheveux roux pour se recoiffer et se dirigea vers la sortie. Plutôt satisfaite.